Jean-Christophe et Lydia Bernard sont parents d'un petit Fañch né le 11 mai 2017 à Quimper. À sa naissance, l'hôpital se charge des formalités mais le couple reçoit un appel de l'état-civil leur signifiant qu'il était impossible d'enregistrer ce prénom. La raison ? Le ñ (n tildé), lettre de l'alphabet breton qui n'est pas reconnue dans l'orthographe française et ne fait pas partie de la liste des signes diacritiques (comme le ç ou le ê) autorisés par l'état civil, liste faisant l'objet d'une circulaire parue au Journal officiel du 23 juillet 2014
Il est donc demandé aux parents de trouver un autre prénom à leur petit garçon…
Mais sous la pression médiatique et des élus, la ville de Quimper décide de contourner la fameuse circulaire et d'autoriser le prénom. Citant notamment dans son communiqué la Cour européenne des Droits de l’Homme, qui affirme que « le choix du prénom revêt pour les parents un caractère intime et affectif et entre par conséquent dans la sphère de la vie privée ». La ville ajoutait encore : « Il n’y a, à nos yeux, aucune raison, qu’elle soit juridique ou humaine, pour que Fañch soit privé du tilde qui orne son prénom. Ce n’est ni accessoire, ni anodin
Le procureur intervient et saisit le tribunal, au nom du respect de la langue française. Le 13 septembre, le jugement tombe : admettre le tilde reviendrait « à rompre la volonté de notre État de droit de maintenir l'unité du pays et l'égalité sans distinction d'origine », tranche le tribunal de Quimper.
Dans un communiqué, la famille de Fañch annonce qu'elle fait appel de la décision du tribunal de grande instance de Quimper annulant la décision de la mairie de reconnaître l'orthographe bretonne du prénom Fañch à l'état civil. « En tant que parents, nous voulons garder notre droit de prénommer notre enfant selon un choix respectueux de sa personne », explique la famille Bernard qui rappelle qu'elle est soutenue par « le voeu du conseil municipal de Quimper à l'unanimité, par le président du conseil régional de Bretagne, par le Conseil culturel de Bretagne et, bien sûr, par tout le mouvement associatif culturel, de très nombreux Bretons et Bretonnes, mais aussi par l'opinion internationale et des médias de différents pays européens et plus encore, qui ne comprennent pas l'ostracisme auquel nous sommes soumis ». « Contrairement au jugement rendu en première instance, nous pensons que ce n'est pas le nom de Fañch qui menace l'unité nationale, mais le refus de reconnaître la diversité des langues du pays. »